dimanche 7 mars 2010

Les éléments essentiels de la défense d’apparence de droit

R. c. Wawatie, 2002 CanLII 34646 (QC C.Q.)

[31] L’article 429 (2) du Code criminel est à l’effet suivant :

« Nul ne peut être déclaré coupable d’une infraction visée aux articles 430 à 446 s’il prouve qu’il a agi avec une justification ou une excuse légale et avec apparence de droit. »

[32] Selon l’arrêt Greagham, il est clair que la particule « ET » entre l’excuse légale et l’apparence de droit doit être interprétée comme étant disjonctif et non conjonctif de sorte que l’accusé n’a qu’à démontrer qu’il a agi avec apparence de droit.

[33] L’apparence de droit ou « colour of right » en anglais a été défini dans plusieurs jugements, mais à notre avis, ce sont les arrêts Demarco et Howson qui les résument tous. Les extrait suivants de ces arrêts nous semblent pertinents :

The term « colour of right » generally, although not exclusively, refers to a situation where there is an assertion of a proprietary or possessory right to the thing which is the subject matter of the alleged theft. One who is honestly asserting what he believes to be an honest claim cannot be said to act “without colour of right”, even though it may be unfounded in law or in fact.” (nous soulignons)

[34] Dans l’arrêt Nundah, cité par la Cour d’Appel dans Howson5, on peut lire également ceci :

“The question whether he honestly believed the property to be his is that which is material. Possibly some of the strongest beliefs held by human beings might be found by other minds to be completely destitute of reasonable grounds… A man may be ever so much mistaken in his reasoning processes and yet be honest, though you would not accept his mere statement of opinion unless there was some colour in the circumstances for his entertaining the opinion he claims to have had.”

[35] Dans Howson , citons les extrait suivants :

In my view the word “right” should be construed broadly. The use of the word cannot be said to exclude a legal right. The word is in its ordinary sense charged with legal implications. I do not think that S. 19 affects S. 269. Section 19 only applies when there is an offence. There is no offence if there is colour of right. If upon all the evidence it may fairly be inferred that the accused acted under a genuine misconception of fact or law, there would be no offence of theft committed. The trial tribunal must satisfy itself that the accused has acted upon an honest, but mistaken belief that the right is based upon either fact or law, or mixed fact and law….”

“The weight of authority would indicate, I think, that the test for the determination of the presence of an honest belief is a subjective rather than an objective one.”

[36] On peut donc résumer comme suit les éléments essentiels de la défense d’apparence de droit :

36.1. La croyance de l’accusé dans le droit qu’il invoque doit être honnête ;

36.2. Cette croyance honnête peut être basée sur des erreurs de faits ou de droit, ou mixtes de faits et de droit ;

36.3. Le test à utiliser par le juge pour déterminer si la croyance de l’accusé est honnête doit être un test subjectif et non objectif ;

36.4. Le mot « droit » dans l’expression « apparence de droit » doit recevoir une interprétation large et être pris dans son sens ordinaire ;

36.5. Le caractère raisonnable de cette croyance n’est pas un élément nécessaire dans l’analyse de la notion d’apparence de droit.

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