dimanche 12 mai 2013

La présentation d'un acte d'accusation directe & le refus de consentir à une ré-option de la part de la Couronne

R. c. Paradis, 2007 QCCS 671 (CanLII)

Lien vers la décision


[19]            La présentation d'un acte d'accusation directe requiert un procès par jury sauf ré-option avec le consentement écrit de la Couronne (article 565(2)):  R. vs Tapaquon (Cour suprême) (1993) 87 C.C.C.(3) page 1:
«Section 574 is the provision which authorizes the prosecutor to prefer an indictment in the ordinary course of events.  Under this section no special consent is required.  This can be contrasted with s.577 which provides for the preferring of "direct" indictments.  Section 566 unequivocally states that s.577 does not apply to judge alone proceedings…» (page 18)
[20]            R. vs Jones (Ont.C.A.) (1997) 113 C.C.C.(3) page 225:
«…The trial of charges set out in a direct indictment will be before a jury regardless of the accused's election, unless the Crown agrees to a non-jury trial:  Criminal Code ss.565(2)566(3).» (page 232)
[21]            J'estime aussi qu'avec le consentement des parties, le procès pourrait se tenir devant un juge seul de la Cour supérieure, selon l'article 473.
[22]            Tel que déjà mentionné, le simple refus de consentir à une ré-option de la part de la Couronne, même non motivé, n'est pas abusif.  Il faut démontrer de façon prépondérante qu'il s'agit d'un exercice capricieux, inapproprié d'un pouvoir discrétionnaire.
[23]            Ainsi que je le mentionnais à l'audience, j'estime que la Couronne avait raison de ne pas consentir.  Il s'agit d'une affaire où le verdict de douze citoyens sera certainement plus socialement acceptable que s'il s'agissait de la décision d'un juge unique.
[24]            Toutefois, le fait demeure que l'accusé est justifié de se plaindre des vacillements de la poursuite dans l'élaboration finale de sa théorie de la fraude.  Il est vrai que la Couronne est tenue de prouver les ingrédients de l'offense et non pas sa théorie:  R. vs Groot (Ont.C.A.) (1998) 129 C.C.C.(3) page 293, paragraphe 15 (permission d'appel à la Cour suprême refusée 131 C.C.C.(3) page vi).
[25]            Toutefois, l'attitude de la poursuite ne peut changer au gré des informations que l'accusé lui révèle dans l'espoir de déjudiciariser les accusations formulées contre lui:  R. vs Hogg (Ont.C.A.) (2000) 148 C.C.C.(3) page 86:
«…The Crown cannot attempt to discredit the defence by having a totally different theory of culpability thrown into the mix at the last moment.  If it was not prepared to stand or fall on the complainant's version of what took place in the car that evening, then it should have attempted to build its case from the outset on drug dependency and vitiated consent.» (par. 21)
[26]            Comment remédier à cette situation?  Tout d'abord, il faut écarter toute suggestion d'ordonner un arrêt des procédures pour les raisons invoquées par le juge LeBel dans R. vs Regan (Cour suprême) (2002) 161 C.C.C.(3) page 97, paragraphes 53 et suivants.  Les inconvénients subis par l'accusé ne sont pas tels que seul l'arrêt des procédures s'avère être un remède adéquat.
[27]            En effet, il existe une autre façon d'atténuer sinon effacer complètement les inconvénients causés par les changements survenus dans la thèse de la poursuite.  Je m'inspire, par analogie, du remède proposé par monsieur le juge Doherty au sujet de la destruction d'une importante pièce à conviction, le véhicule automobile, lors d'une accusation d'ivresse au volant ayant causé des lésions corporelles où l'accusé affirmait ne pas être le conducteur:  R. vs Bero (Ont.C.A.) 151 C.C.C.(3) page 545:
«The Charter has not diminished defence counsel's forensic arsenal.  The defence is still entitled to demonstrate inadequacies or failures in an investigation and to link those failures to the Crown's obligation to prove its case beyond a reasonable doubt.  In this case, the trial judge prohibited that line of defence.» (par. 58)
«…If a witness testified that had forensic testing been done, it could have revealed that traces of blood and that the location of that blood could have been important in determining the identity of a driver, those are "facts" which are in evidence.  Those facts could support a defence submission that in the absence of such evidence the jury should not be satisfied that the Crown had proved the driver's identity beyond a reasonable doubt.» (par. 64)
«Where the failure to preserve evidence results in a breach of an accused's s.7 rights and where the defence has exercised reasonable diligence in attempting to preserve the evidence, I think the trial judge should also instruct the jury that the Crown was under an obligation to preserve the evidence and failed to do so, and that the defence cannot be faulted for not gaining access to the evidence before it was destroyed.  These instructions would place the burden for the loss of evidence on the Crown, where it belongs.  These instructions may also help the jury assess the overall reliability of the investigative process which produced the evidence relied on by the Crown, and help the jury decide the significance, if any, of the absence of evidence that may have been available had the prosecution preserved all relevant evidence.» (par. 67)
[28]            Dans la présente affaire, l'accusé peut, s'il le juge opportun, informer les jurés des changements survenus dans la théorie de la poursuite et les zones grises qui persistent quant au montant exact de la fraude qu'on lui reproche.
[29]            En définitive, comme ce doit être toujours le cas, les directives finales seront influencées par la preuve présentée au procès

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