[5] Les obligations du juge d'instance, lorsque l'accusé n'est pas représenté, ont été résumées par la Cour d'appel du Québec dans la cause de R. c. Gustave Guenette (no 200-10-001092-001, décision rendue le 19 février 2002) dans les termes suivants, au paragraphe 20 :
La situation des justiciables qui se présentent seuls à leur procès, sans l'assistance d'un avocat, est toujours délicate et ce, peu importe le stade du processus judiciaire. Au stade du procès, le juge a le devoir de s'assurer que l'accusé ne soit pas privé de son droit à un procès juste et équitable en raison de son ignorance des règles de la procédure criminelle. Il expliquera donc sommairement à l'accusé le déroulement de la procédure pour que ce dernier puisse faire des choix éclairés en temps utile; il prêtera aussi à cet accusé une aide raisonnable pour qu'il puisse faire valoir toute défense qu'il peut avoir, tout en évitant d'agir comme son avocat, au risque de perdre l'impartialité essentielle à l'exercice de ses fonctions.
[6] Dans Deneault c. R. 2010 QCCS 4234 (CanLII), (2010 QCCS 4234), un jugement rendu le 10 septembre 2010, l'honorable juge Guy Cournoyer a écrit que :
[64] Dans l'arrêt McKibbon, le juge Carthy écrit ce qui suit :
The trial judge, of course, has a duty to the accused to see that he or she has a fair hearing and that duty will generally cast upon the judge an obligation to point out to the accused that he or she would be at a distinct disadvantage in proceeding without the assistance of competent counsel and that the accused is entitled to have such counsel.
(Le soulignement est ajouté)
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[68] Dans R. c. Persaud, le juge Hill énonce les éléments de procédure criminelle qui devraient être expliqués à l'accusé :
While it may not be necessary in every case, the appellant was not informed by the court, prior to the start of trial, as to some of the rudiments of criminal procedure, including :
1) The elements of the offence charged which the Crown was required to prove beyond a reasonable doubt in order to establish guilt.
2) The nature of the Crown's production of its case including the calling of witnesses with in-chief examination without leading questions, the accused's right to cross-examine, and the Crown's right to re-examine.
3) The purpose of cross-examination with the accused cautioned not to give evidence in the asking of questions.
4) The authority of the accused to object to prosecution questions as not relevant or as inadmissible according to the laws of evidence.
5) The mechanics of entering exhibits.
At the conclusion of the prosecution case, in asking the appellant whether he planned on testifying on his own behalf, the court quite properly informed him that he was not obliged to but could if he wished. The appellant was not informed, however, that he would be subject to cross-examination and that his evidence could be considered for or against him in the determination of guilt and innocence. Further, the appellant was not informed that a defence might be given less weight where witnesses for the defence were called to testify in advance of the appellant himself. Indeed, in this case, the appellant's alibi witness was called to testify prior to the appellant himself.
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[76] Dans l'affaire R. c. Gonsalves, la Cour d'appel de l'Ontario explique ce qui suit :
On the second ground of appeal, while the trial judge did provide some assistance to the unrepresented appellant, and while we recognize that a contextual approach is required, the trial judge did not provide the appellant with the minimum level of assistance as described in Tran. For example, at the outset of the trial he did not provide an explanation to the appellant of the court proceedings and how they would unfold. He did not tell the appellant that he was entitled to object to evidence led by Crown counsel. He made no reference to the preliminary hearing transcript and how the appellant could use it in cross-examination. He did not adequately explain the purpose of cross-examination of a witness and how to conduct it. He did not explain the purpose of the voir dires respecting the police officers' and security persons' notes. He did not explain the factors an accused should consider before testifying on his own behalf. The result is that the appellant did not receive a fair trial.
(Le soulignement est ajouté)
[7] Dans la présente affaire, l'appelant-accusé, non représenté par avocat, n'a recu aucune de ces informations essentielles avant le commencement ou pendant le procès, et on ne l'a jamais informé qu'il serait désavantagé en se représentant seul.
[8] Je fais miens les propos du juge Cournoyer dans Deneault quand il a mentionné que :
[88] Même s'il faut adopter une perspective globale et contextuelle et qu'il « faut reconnaître au juge du procès une bonne mesure de discrétion en cette matière » et que « [c]haque cas doit être étudié à la lumière des circonstances qui lui sont propres afin de déterminer s'il y a eu atteinte au droit de l'accusé à un procès juste et équitable », les efforts du juge d'instance ont été insuffisants. Le droit de l'appelant à un procès juste et équitable n'a pas été respecté.
[89] Non seulement justice doit-elle être rendue, mais elle doit aussi paraître avoir été rendue. Il ne suffit pas que justice ait été faite pour disposer d'un appel, parfois, seul un nouveau procès pourra effacer le doute qui entoure le procès qui s'est tenu.
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