McClelland c. R., 2020 QCCA 324
[96] Mais qu’en est-il de l’application de cette doctrine en matière d’importation d’une substance désignée?
[97] Pour répondre à cette question, il faut d’abord délimiter l’élément constitutif de l’infraction d’importation portant sur la connaissance de la substance importée.
[98] En matière de possession illégale de stupéfiants, l’article 2(1) de la LRDS renvoie à la définition du mot possession contenue au paragraphe 4(3) du Code criminel. L’arrêt Morelli[66] enseigne que la possession définie dans cette disposition s’entend également de la possession par imputation, celle-ci exigeant notamment de la part du prévenu la connaissance de la nature du bien.
[99] Pour sa part, la doctrine accepte de transposer l’élément – connaissance – inhérent à la possession en droit criminel à l’infraction d’importation de stupéfiants[67]. La jurisprudence ne va toutefois pas jusqu’à exiger la preuve de la connaissance de la nature exacte de la substance illégalement importée. La poursuite doit seulement démontrer que le prévenu savait être en présence d’un stupéfiant quelconque, s’agissant ici d’une mens rea dans son sens le plus large[68]. La jurisprudence accepte aussi que cette preuve puisse se faire au moyen de la doctrine de l’aveuglement volontaire[69].
[100] Dans l’arrêt Williams, la Cour d’appel de l’Ontario résume ainsi l’état du droit sur la question :
[19] There is some support for this approach to the mens rea component of the s. 95(1) offence in the jurisprudence arising from drug-related prosecutions. In trafficking, importing or possession cases, it is not necessary for the Crown to demonstrate that the accused knew he or she possessed (or was importing or trafficking in) the very prescribed drug identified in the indictment, provided the accused knew the drug was a narcotic — for example, the actual drug involved is cocaine whereas the accused believed it to be hashish, or is LSD but was believed to be mescaline: see R. v. Burgess, 1969 CanLII 467 (ON CA), [1970] 2 O.R. 216, [1969] O.J. No. 1582 (C.A.); R. v. Blondin, 1970 CanLII 1006 (BC CA), [1971] B.C.J. No. 656, 2 C.C.C. (2d) 118 (C.A.), [1971] S.C.J. No. 42, 4 C.C.C. (2d) 566; R. v. Custeau, 1971 CanLII 682 (ON CA), [1972] 2 O.R. 250, [1971] O.J. No. 1893 (C.A.); R. v. Kundeus, 1975 CanLII 161 (CSC), [1976] 2 S.C.R. 272, [1975] S.C.J. No. 78. In Burgess, at p. 217 O.R., Brooke J.A. said:
[We] are all of the opinion that in these circumstances where the evidence is clear and consistent only with the conclusion that the accused knew the substance that he had in his possession was indeed a drug the possession of which was contrary to the statute, the fact that he mistakenly believed the drug to be hashish rather than opium is of no moment.
[…]
[21] Under the narcotics control regime, the offence in question forbids the possession of (or the importing of or trafficking in) a narcotic. Which narcotic does not matter, as long as it is included in a forbidden schedule. Similarly, under s. 95(1) of the Code, the offence is the possession of a loaded firearm. Whether the firearm is prohibited or restricted does not matter. The common denominator in the comparison between the two types of offences is that the actus reus (possession of a forbidden item) and the mens rea (knowledge of the characteristics that make it a forbidden item) do not relate to different crimes but rather to the same crime in each case.[70]
[Soulignement ajouté]
[101] Je retiens de ce qui précède que l’élément – connaissance - propre au crime d’importation de stupéfiants peut être démontré à partir de soupçons établis par une preuve circonstancielle selon laquelle le prévenu savait qu’il était impliqué dans une activité illégale et que celle-ci avait trait à l’importation de stupéfiant, et ce, sans qu’il soit pour autant nécessaire pour cette personne de connaître la nature exacte de ce stupéfiant. La preuve doit conduire à la conclusion selon laquelle le prévenu, par une vision tronquée de l’esprit, voulait ainsi tromper l’administration de la justice[71].
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