lundi 8 août 2011

La motion de non-lieu

R. c. Jordan Aubin et Al., 2006 CanLII 58790 (QC CM)

[33] Le critère d’évaluation de la suffisance de la preuve par le juge lors de la présentation d’une requête en non-lieu est le même que celui que le juge doit appliquer à l’enquête préliminaire.

[34] Le critère n’est pas : est-ce qu’il y a absence totale de preuve de l’un ou de plusieurs des éléments essentiels d’une infraction? mais plutôt : est-ce qu’il y a une preuve prima facie de l’infraction?

[35] C’est-à-dire : est-ce que la preuve, si elle demeure non contredite ou non expliquée serait suffisante pour qu’un juge qui s’instruit correctement en droit ou pour un jury instruit correctement en droit par un juge puisse conclure à la culpabilité du défendeur, et ce, hors de tout doute raisonnable?

[36] Lors de l’évaluation de la suffisance de la preuve, le juge ne doit pas se prononcer sur la crédibilité des témoins mais plutôt prendre pour acquis qu’ils seront crus.

[37] Le critère d’évaluation de la suffisance de la preuve par le juge à l’enquête préliminaire, tel que défini par la loi, la jurisprudence et la doctrine, a été repris par l’honorable juge Morris J. Fish, avant qu’il ne devienne membre de notre Cour suprême dans une étude publiée dans La Revue du Barreau, tome 39, numéro 3, mai-juin 1979, p. 607 et intitulée « Committal for Trial : ‘ Some ’ evidence is not ‘ sufficient ’» :

" Whenever guilt can be rationally inferred from the evidence, a justice at preliminary inquiry must commit the accused for trial. The justice is not predicting how the trial will end. But he is making a judicial finding that the evidence is strong enough, if unanswered at trial and believed by the jury, to prove guilt beyond a reasonable doubt.

From the very wording of s. 475 it is apparent that ‘some’ evidence is not enough to warrant a committal for trial. The evidence must be ‘sufficient’. Nor is ‘total absence’ the test for a discharge. Insufficiency is the operative standard. It is likewise apparent operative standard. It is likewise apparent that the justice must evaluate the evidence. He is directed to commit or discharge on the basis of ‘his opinion’ as to its sufficiency.

The test for committal to trial is identical to the test upon a motion for nonsuit or for a directed verdict at trial. There do remain pockets of resistance to this notion but the question must be taken as settled by MORABITO (1949 7 C.R. 88), Feeley (1952-353, 15 C.R. 354), Paul (1976 27 C.C.C. 2d, p. 1) and of course Sheppard (United states of America v. Sheppard, 1977, 30 C.C.C., 2d, p. 424). The common test, ‘sufficient evidence’, is throughout these judgments equated with “prima facie case”, in either of its two accepted senses, never means less than “sufficient evidence”. And the phrase “sufficient evidence”, use in relation to criminal law, invariably means evidence upon which “a jury might, in the absence of contradiction or explanation, reasonably and properly convict”.

That is the law. Everything else is commentary. "

[38] La Cour d’appel du Québec a appliqué par la suite cette analyse de l’état du droit dans l’arrêt Attorney General of Quebec v. Hamel

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